Retrouvez le reportage de Laurent Philippot pour France Bleu Normandie :
Cuisine Mode d’emploi(s) prépare à Vernon six personnes au certificat de qualification professionnelle « commis de cuisine ». En onze semaines, la formation accélérée doit leur permettre de retrouver le chemin de l’emploi, dans un secteur où les offres sont nombreuses.
Ils sont six entre 23 et 57 ans, ont été cabossés par la vie,« ce n’est pas évident de se retrouver sans travail depuis des années » reconnaît le formateur Didier Daumer. Cette formation gratuite « qui permet aux personnes de sortir de l’eau » leur offre « une possibilité de se valoriser » poursuit-il. C’est le cas de Lou. Cette ancienne cheffe d’entreprise en Ile de France, âgée de 45 ans, est arrivée à Vernon à la suite de problèmes familiaux. « Je suis au RSA depuis deux ans parce que ma dernière entreprise n’a pas fonctionné » explique-t-elle et cette situation lui pèse. Après une formation de six mois « employé commercial de magasin », Lou veut rajouter une corde à son arc après avoir été gérante d’un restaurant pendant huit ans à Paris.
« Je ne veux plus qu’on me donne. Je ne supporte pas cette situation d’être au RSA depuis deux ans, toujours devoir me justifier. Je veux me justifier par mon travail et par mon salaire « – Lou
À 28 ans, « au chômage depuis trois ou quatre bonnes années », Charles habite encore chez ses parents. « Il y a un petit peu de tension à la maison » rigole-t-il avec un père qui le presse de retrouver du boulot et il le confesse « quelques fois, ça part en cacahuète ». « J’ai de la famille qui est dans la cuisine et je voudrais essayer d’en faire mon métier » poursuit Charles. Il a déjà fait des extras, travaillé trois mois dans un restaurant à Lyons-la-Forêt en tant que commis mais
Il suit donc cette formation pour « acquérir les bases ». C’est d’ailleurs ce que propose Cuisine Mode d’emploi(s) : acquérir 80 gestes et techniques de base, maîtriser 90 recettes de la cuisine française ainsi que les normes d’hygiène et de sécurité. Charles a déjà planifié son futur parcours professionnel : « commencer en collectivité pour apprendre les bases et ne pas avoir trop de pression ». Il a d’ailleurs déjà trouvé un stage à la cantine centrale de Saint-Marcel.
Apprendre les bases et restaurer la confiance
Sylvie a 57 ans. « Je cherchais du travail et Pole Emploi m’a contactée » explique la doyenne de la formation. Elle avait déjà quelques bases en cuisine qu’elle a pu parfaire avec « les pommes de terre tournées, la blanquette de veau, la crème renversée, la crème caramel » détaille-t-elle. Une formation qui lui fait du bien après huit ans de chômage :
On reste à rien faire à la maison, on bouge à droite à gauche, mais on n’a pas de boulot, on n’a rien, tandis que là, à la fin de la formation, on aura peut-être du travail. Je n’ai jamais eu de diplôme, je serai fière – Sylvie
Houley est la benjamine à 23 ans. Vernonnaise depuis trois mois, elle habitait avant à Mantes-la-Jolie et aurait bien voulu faire un C.A.P. cuisine mais « le lycée était complet, du coup j’ai fait mon C.A.P. esthétique et j’ai travaillé pendant six mois mais je n’aimais pas du tout » explique-t-elle. Elle s’est ensuite essayée à la garde d’enfants, a fait quelques extras, travaillé dans un kebab. C’est la mission locale qui l’a orientée vers cette formation gratuite. « J’aime bien, on apprend tous les jours, on apprend de nouvelles bases, tous les jours il y a de nouvelles choses » s’enthousiasme Houley qui a hâte de mettre en pratique lors de son stage au Bistrot des fleurs à Vernon.
« Je ne m’inquiète pas pour eux, on recherche beaucoup de commis de cuisine dans toute la France » rassure Didier Daumer, malgré la crise économique qui touche le secteur en raison de la pandémie de coronavirus. En 280 heures, ils acquièrent toutes les bases, l’équivalent des savoirs d’un apprenti en lycée hôtelier. À la fin du mois d’août, les élèves partiront trois semaines en stage pratique et, une fois leur diplôme obtenu, se retrouveront sur le marché du travail. Depuis 2012 plus de 90% des stagiaires de Cuisine Mode d’emploi(s) ont trouvé un emploi. »
Laurent Philippot